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Ils ont la rade
à leurs pieds et Brest au bout des doigts.
L'attachement des Sevellec à la cité du Ponant est
autant géographique que pictural. De son père,
peintre de la marine au milieu du siècle dernier,
Joël-Jim, 72 ans, a gardé l'appartement, avec une
vue magnifique sur la ville et son plan d'eau. Il a
aussi hérité d'un esprit exquis, d'une politesse
gentiment surannée et surtout d'un talent
inaltérable malgré ses multiples dénégations: «Il
m'a fallu du temps avant d'oser juxtaposer nos
?uvres. Toute la différence entre un professionnel
et un dilettante se trouve ainsi étalée.» Pourtant,
sur les murs, outre l'embouteillage de toiles, rien
ne choque les yeux d'un béotien. Même en «amateur
persévérant», le fils possède sans nul doute des
mains d'artiste telles qu'on peut les rêver:
longues, élancées et aux ongles à jamais souillés
par le contact avec les pigments. Comme si la
peinture lui coulait entre les doigts. .......Pour le père, Jim-Eugène, décédé en
1971, rien ne fut aussi évident. Enfant, il se tourne
naturellement vers le violon, mais ses parents
préfèrent pour lui le crayon à l'archet. Sa chance se
situe de l'autre côté de la rade, sur les rives de
Camaret, où se trouve le berceau familial. En ce début
de XXe siècle, le petit port langoustier grouille
d'une intense activité artistique autour de l'écrivain
Saint-Pol Roux. Avec les Sevellec, le courant passe
tout de suite et le poète ne tarde pas à se prendre
d'affection pour le petit garçon, «au point d'en être,
tout au long de sa vie, le véritable maître à penser»,
se souvient Joël. C'est lui, notamment, qui
l'encourage à rejoindre Paris et l'atelier de l'un de
ses amis, Désiré-Lucas. L'apprenti y reçoit son
éducation artistique avant d'être mobilisé dans
l'infanterie en 1916.
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La Bretagne populaire de Jim
Sévellec
Pour la saison 2012, Bernard
Verlingue, conservateur du musée de la faïence, a choisi
de présenter l'oeuvre de Jim Sévellec (1897-1971),
peintre (surtout) et faïencier (aussi) pour Henriot.La
Bretagne de Sévellec est une Bretagne truculente,
populaire. Jim Sévellec, de son vrai nom Eugène
Sévellec, aime les marins en bordée, les Bigoudènes
téméraires qui évoquent le personnage joué par Dominique
Lavanant (dans Les galettes de Pont-Aven).Même
au coeur d'une scène religieuse de pardon, il glisse un
couple d'amoureux à la fenêtre d'une maison. Sévellec
aime cette Bretagne festive, presque paillarde, qu'il
réussit à transposer dans l'univers parfois figé de la
faïence.Cela ne l'empêche pas de tracer de jolis
portraits de pêcheurs au travail. Des enfants aussi, aux
visages un peu renfrognés. Deux cents pièces sont
exposées au musée. Après l'austère Odetta (en 2011), le
contraste est total.« En
bordée »
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ugène Sévellec, dit Jim Sévellec est né
et a grandi à Camaret-sur-Mer, fils d'un marin d'état.
Deux éléments ont favorisé sa vocation artistique : son
père qui l'encourage dans la liberté de son expression
esthétique, et Camaret qui est alors un lieu de
confluence d'artistes de divers horizons. On citera
l'écrivain Saint-Pol-Roux mais aussi dans le domaine
pictural Charles Cottet, Robert Antral. Très jeune, il
dessine la vie du port et sous l'influence de
Saint-Pol-Roux, il part pour Paris, afin de suivre une
formation artistique auprès de Louis-Marie Désiré-Lucas.
Lors de la Première Guerre
mondiale, il est mobilisé en 1916 dans l'infanterie et
il sert, entre autres, d'interprète auprès des soldats
américains et écossais. C'est ainsi que ses compagnons
lui donnent son prénom d'artiste « Jim », plus
simple à prononcer que celui d'Eugène. Libéré de ses
obligations militaires il suit l'enseignement de l'école
de PTT et parallèlement fréquente les milieux
artistiques parisiens. En 1924 il est nommé à la
surveillance des câbles sous-marins à Brest, c'est le
retour au pays et le début d'une riche et abondante
activité artistique.Il crée avec des amis un groupement
artistique du nom de "La phalange bretonne", il expose à
la Galerie Saluden de Brest. Bien implanté dans la vie
artistique locale, il est professeur à l'école des
Beaux-Arts de Brest sans cesser son activité au PTT. Jim
Sévellec commencera sa collaboration dès 1928 avec la
Manufacture Henriot de Quimper. A partir de cette
date, sans jamais cesser de peindre, Jim Sévellec donne
de très nombreux modèles à l'édition chez Henriot. En
1936, en même temps que René-Yves Creston, il est
nommé peintre de la Marine. Pour le musée de la tour
Tanguy, il restitue le passé de la ville de Brest à
travers des dioramas. On lui doit également plusieurs
ensemble décoratif pour des hôtels-restaurants de Brest,
Camaret et Dinard.
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