Fils du peintre Eugène
Dumoulin (né en 1816), Louis Dumoulin fut
particulièrement marqué par les travaux d’Henri Lehmann
(1814-1882) et d'Henri Gervex (1852-1929).
Il sera considéré de son vivant comme un paysagiste et
représentant majeur du phénomène du panorama.
Ses réalisations les plus célèbres sont d’ailleurs le monumental
Panorama de la bataille de Waterloo (1912) à
Braine-l'Alleud en Belgique,
et le Panorama du tour du monde qu’il réalise avec
le peintre Gaston Ernest Marché
(1864-1932) et l’architecte Alexandre Marcel (1860-1928) à
l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1900
Dumoulin
est un peintre orientaliste lié aux milieux artistiques officiels et un
grand voyageur de par les différentes missions qui lui seront
confiées.
Il effectue son premier grand voyage en dehors de l'Europe
en 1888 à l'occasion d'une mission officielle au Japon ordonnée
par le ministère de l'Instruction publique
De retour à Paris en 1889, il expose une
centaine de tableaux inspirés de son voyage qui, outre le
Japon, l'a conduit notamment en
Chine, en Indochine et en Malaisie, à la galerie Georges Petit
Cette exposition dont le catalogue est préfacé par Philippe
Burty, grande figure du japonisme, bénéficiera d'un accueil
favorable de la presse et recevra la visite des plus hauts
responsables politiques français de l'époque.
Bien qu'il soit difficile de juger de l'attrait réel de Louis
Dumoulin pour le japonisme, il est évident que
ce dernier a constitué pour le peintre un tremplin de
carrière.
Onze toiles de Dumoulin issues de cette exposition seront
sélectionnées (dont
sept ayant pour thème le Japon) par la Société nationale des
beaux-arts pour son Salon de 1890
. Vincent van Gogh (1853-1890) a vu cette exposition et fut
marqué par les peintures de Dumoulin. Sa correspondance avec
son frère Theo
comprend deux lettres écrites alors qu’il séjourne à
Auvers-sur-Oise dans lesquelles il expose son désir de
rencontrer Dumoulin (qu’il écrit « Desmoulins »)
comme celui qui fait le Japon
.
Deux de ses tableaux à thème japonais et inspirés de
photographies collectées lors de son voyage
acquis par l’État français sont conservés à Paris au musée Guimet.
Nommé peintre
officiel de la Marine en 1891, Louis Dumoulin oublie
peu à peu le japonisme qui semblait pour lui plus une occasion
qu'une passion, et donne de plus en
plus à sa carrière une dimension colonialiste.
Promu tour à tour officier de l’ordre impérial du dragon
d’Annam, puis officier de l’ordre royal du Cambodge,
il développe, à la suite notamment de ses séjours à Saïgon en
et , une
idéologie colonialiste et suivra toute sa vie la
doctrine suivante :
l’expansion
coloniale par l’art, au service de la France et de l’art
.
Convaincu par la supériorité française dans les domaines
artistiques et notamment en peinture, il milite pour le
financement par l’État d’expositions d’artistes français à
l’étranger, reprochant aux peintres étrangers formés dans les
écoles parisiennes une forme d’ingratitude envers la France et
aux musées étrangers de négliger les œuvres des artistes
français.
Les grandes lignes de son parcours témoignent de son
engagement.
Missionné par le
ministère de la Guerre et de la Marine et financé par les
Messageries maritimes, il embarque en 1896 pour un long
périple qui le conduira de Constantinople au Japon en
passant par l'Égypte,
la Syrie, les Indes,
le Cambodge et la Chine.
Dumoulin revient ensuite en France en , pour repartir vers l'Espagne, le Portugal puis
l'Amérique du Sud. L'objectif de ce tour du monde est
d'effectuer des croquis et de prendre des photographies qui
lui permettront de créer avec le peintre Gaston
Ernest Marché (1864-1932) et l’architecte Alexandre
Marcel (1860-1928) un palais comportant un panorama monumental
et un théâtre animé.
Pour ce théâtre, Dumoulin profite de son voyage pour
recruter des artistes locaux (acteurs, chanteurs, danseurs,)
qui auront pour rôle d'animer son panorama.
Ce panorama permit à Louis Dumoulin de tirer profit des études
et des photographies accumulées lors de ses nombreux voyages,
de démontrer sa maîtrise du panorama et de s’imposer comme le
Jules Verne du pinceau
Il est nommé chevalier en 1898, puis promu
officier de la Légion d’honneur en 1906
Louis-Jules Dumoulin prend part au voyage officiel du président de la République Emile Loubet (1838-1929) en Tunisie en 1903.
En 1917 et 1918, il
dessine la série des timbres « Au profit des
Orphelins de la guerre », gravés par Léon
Ruffe, première série de timbres f
rançais créés comme commémoratifs, il
dessine aussi un timbre à surtaxe
pour la Croix-Rouge française.
En tout six images différentes qui
seront ses seuls travaux pour des timbres
.Il est le commissaire de l’Exposition coloniale de Marseille de
1906 puis participe à celle de la même ville en 1922.
Il cofonde en 1908 la Société coloniale des artistes français et
en sera le président jusqu'à sa mort en 1924.
Dumoulin est également le fondateur du musée des Beaux-Arts
d'Antananarivo
— qui portera son nom— dans
l’ancien palais de la reine
Photographe amateur, Dumoulin ne maitrisait
pas les techniques de la photographie antérieure à l'instantané.
Sa collection photographique,
conservée pour les clichés concernant l'Extrême-orient
principalement à la photothèque de la bibliothèque de lettres,
arts et sciences humaines de l'université Nice-Sophia-Antipolis
et à Paris au musée Guimet, ne
propose de clichés instantanés développés à partir de films
celluloïd qu'à partir de son tour du monde entamé en 1896 en vue
d'établir son grand panorama pour l'Exposition universelle de
1900.
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